LE FAIT
GRÉGORIEN Une conférence du
CHANOINE JEANNETEAU en 1982 |
Le 25 Mars 1982, dans le cadre de l'exposition «
Approche du Chant Grégorien » organisé Par L’A.D.D.M.. de
Loire-Atlantique au Musée Dobrée à
Nantes, au cours de laquelle le Choeur Grégorien de Nantes donnait deux
concerts, Monsieur le Chanoine JEANNETEAU (1) prononçait une conférence en présence de plusieurs
personnalités de la région dont le délégué régional près le Ministère de la
Culture. En voici de larges
extraits où le « style parlé » a été conservé, ce qui le rendra plus
attractif encore. Pourquoi revenir 20 ans
en arrière ? 1)
L'examen du passé est toujours une source de renseignements positifs
et négatifs qui permettent le construire
l'avenir sur des bases réelles. 2)
Le texte du Chanoine JEANNETEAU nous donne un « état des lieux
», ou un panorama, comme il le dit, et
cela sans complaisance. 3) Le Chanoine nous donne une projection presque visionnaire de
l'avenir du Chant Grégorien dont on pourra
apprécier la justesse.
Maurice
Tillie
|
«
Le fait grégorien en 1982, tel est le titre de cette conférence. On
peut parler du chant grégorien de bien des façons
; on peut en parler en esthète... en amateur... en étant séduit par son caractère de paix,
de repos, de recueillement, de prière, si on est chrétien. On peut l'étudier en musicologue, en
s'occupant de cette tradition musicale qu'il représente, en regardant quelles sont les formes
et l'évolution des formes de cette musique, quels sont les documents, la paléographie qui nous
le rapporte, quelles sont les formes d'écriture autrefois, car le grégorien est en écriture
l'ancêtre du bel canto. On peut s'en occuper en pasteur de paroisse, en directeur de chorale ;
on peut aussi s'en occuper en étant moine ou moniale, c'est-à-dire que l'on peut être ou
bien esthète, ou musicologue, ou pratiquant de ce chant. Il est
bien difficile de
faire les trois
d'un coup. Si
on est trop
esthète ou trop artiste, on peut passer à côté. Il y a un
danger certain de passer à côté de sa source et de sa forme qui est une forme d'Eglise.
Si l'on ne s'en occupe uniquement en chanteur de la foule ou en chanteur soliste, on peut
passer à coté de sa valeur non pas de prière, mais de sa forme profonde, de sa structure
musicale qui est extraordinaire et qui représente plusieurs siècles de formation et qui se
trouve on le voit seulement à l'époque actuelle au confluent d'une foule de musiques de tous
pays. Je n'aurai pas ces trois
attitudes et pourtant je serai obligé de temps en temps d'être plus esthète, ou plus
musicologue, ou plus liturgiste ou plus moine. Le Fait Grégorien 1982 ? Voici le plan que nous suivrons : tout
d'abord un panorama assez superficiel comme tout
panorama. Nous montons sur une cime et nous regardons la plaine et l'horizon. C'est superficiel. Lorsque l'on est sur une cime et que l'on regarde l'horizon, on ne peut pas avoir
le détail des cultures, ni le détail de l'activité ; on ne sait pas
si dans telle maison il y a tel malade ou telle maîtresse de maison en train de faire sa cuisine ou
de lire. Puis nous descendrons dans la plaine ; mais dans
la plaine nous verrons l'activité humaine de détail, celle des
bibliothèques, celle des centres
de recherche
des musicologues, celle des étudiants.
Et puis quand
nous aurons
vu, après ce panorama, le travail véritable de la
musicologie actuelle, nous verrons ce qu'il en est dans le monde,
du point de vue de ce haut niveau, niveau de musicologie et aussi de prière,
d'exercice de ce
chant. |
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